Il était presque minuit quand elle est venue se poster à la fenêtre. Tout doucement, elle avait relevé le petit rideau de dentelle. Sur la place en face de la maison, la voiture était là.
Trois jours qu’elle était là.
La journée, elle disparaissait et le soir, elle revenait se garer, toujours au même endroit, sur la place juste en face de sa maison. C’est quand même un peu inquiétant, elle avait pensé en réajustant le rideau. Maintenant elle n’avait plus sommeil. Elle s’était servi un grand verre de lait chaud qu’elle avait bu avec gourmandise. Puis elle était retournée à sa fenêtre. La voiture n’avait pas bougé. " Que je suis sotte, on est en plein milieu de la nuit. Personne ne prend sa voiture en plein milieu de la nuit " avait-elle marmonné en haussant les épaules. Elle était partie se recoucher. Elle avait escaladé son grand lit et s'était couverte en frissonnant. En regardant la photo de son défunt mari sur le mur, elle avait murmuré en souriant "si tu étais encore là, Henri, tu m’aurais dit que j’exagère avec mon imagination débordante. " Puis elle avait éteint la lumière.
Léonie avait toujours vécu dans ce village gardois. C’était un gros bourg paisible avec une place centrale et des platanes centenaires, des petits commerces et des ruelles animées, une grosse mairie au bout d'un boulevard. Avec des joueurs de pétanque, qui se traitaient de tous les noms, à la sauce méridionale et des enfants qui tournaient à vélo sur la place. Depuis peu il y avait même des nouveaux arrivants. Plusieurs terrains communaux avaient été vendus et quelques villas neuves occupaient un lotissement à la sortie du village. Des ronds-points, largement fleuris avaient poussés un peu partout, l’équipe de rugby locale gagnaient enfin et les terrasses des cafés étaient pleines de nouvelles têtes. On avait même relancé la journée médiévale, oubliée depuis vingt ans faute de bénévoles au comité des fêtes. Les anciens ne voyaient pas cela d’un bon œil, tous ces étrangers. Mais les commerçants étaient ravis et on avait même ouvert une classe supplémentaire à l’école maternelle. " Un village qui résonne de cris d’enfants, c’est un village qui vit " : Monsieur le maire en avait fait un slogan et les papys ronchons, une raison. Reste que c’était un village qui avait voté Front national à 65 % aux dernières élections et que les jeunes des alentours ne se risquaient plus à traîner dans les rues au-delà de vingt-deux heures, arrêté municipal oblige.
Un joli petit village du sud de la France, où il faisait bon vivre. Si on n’avait pas le cheveu crépu, la lèvre lippue ou la mobylette pétaradante.
Léonie était bien loin de ce genre de considération. Depuis la mort de son mari, dix ans plus tôt, elle avait une vie toute simple. Le matin, elle faisait son ménage, ses courses et puis les mots croisés du Midi-Libre. À midi elle déjeunait léger, regardait Les feux de l’amour à la télévision, se reposait une petite heure puis descendait au jardin. Son potager était en bas du village, le long de la rivière. Elle avait bien du travail, son terrain faisait plus de six cents mètres carrés.
Elle faisait encore tout à l’ancienne : l’arrosage à l’arrosoir à bras, l’engrais au fumier de cheval et le désherbage à la main. On lui proposait bien du désherbant chimique en boîte ou de lui brancher un système d’arrosage automatique, mais elle ne voulait pas de ces cochonneries comme elle disait. Elle continuait comme autrefois et elle était fière d’avoir les meilleurs légumes du canton. Quand elle avait fini son jardin, elle remontait et passait quelquefois par le cimetière pour saluer ses morts. Ils n’avaient pas eu d’enfant avec Henri. Elle était seule dans la grande bâtisse que lui avaient légué ses parents. C’était une grande maison bourgeoise avec à l’étage, cinq chambres et deux salles de bain, au rez-de-chaussée, une grande cuisine où elle vivait la plupart du temps, un salon suivit d’une salle à manger immense et sombre qu’elle n’aimait pas. Il y avait aussi, derrière, une grande terrasse couverte très agréable où elle faisait ses mots croisés. Un autre jardin en friche descendait jusqu’à un grand bassin d’eau stagnante prés d’une cabane en bois qui servait d’atelier du vivant de son mari.
Une maison bien trop grande et deux jardins qui lui étaient impossibles à entretenir toute seule. Mais pour rien au monde elle ne partirait de cet endroit. Elle était trop indépendante pour aller en maison de vieux. Le maire lui envoyait régulièrement des personnes intéressées par l’achat de sa demeure ou des prospectus de maisons de retraite. Mais non, elle restera là et déclinait poliment les offres des uns et des autres.
En cette période électorale, on parlait beaucoup d’insécurité. C’était un mot qui revenait souvent dans les conversations et les journaux télévisés. On en causait souvent à Léonie qui vivait seule. Elle était le parfait exemple à ne pas suivre. Tu te rends compte, Léonie si un jour quelqu’un rentre chez toi et te vole tout dans la maison ! lui disait-on souvent. Mais Léonie s’en moquait pas mal. Elle n’avait pas d’objet de valeur, une retraite ridicule, n’aimait pas le tralala, ni le clinquant. Sa télévision avait vu l’élection de quatre présidents de la république et vingt-cinq Miss France, autant dire que le poste n’était pas neuf. Quant aux meubles, ils dataient presque tous de l’époque de ses parents, noirs et massifs, elle ne les avait jamais beaucoup aimés, on pouvait bien lui voler. Mais au-delà de son obstination, Léonie sentait bien qu’elle fatiguait. Un peu à la façon de la chèvre de Monsieur Seguin, elle se battait vaillamment, mais elle sentait ses forces décliner. Toutes ses histoires et les images du journal télévisé finissaient par grignoter sa confiance. Et la présence de cette satanée voiture commençait à l’inquiéter sérieusement. Peut-être fallait-il qu’elle signale ce fait à la police ? L’idée ne lui plaisait guère. On verra demain. Peut-être qu’elle ira en parler au fils Thomas, celui qui était gendarme.
Quand le matin du jour suivant, l’auto n’était plus là, Léonie balaya d’un mouvement de mains toutes les vilaines pensées de la veille. Elle reprit ses activités. Mais à la nuit tombée, elle retourna à la fenêtre.
Devant, à sa place habituelle, la voiture était revenue.
Elle l’observa cette fois-ci le rideau levé, se montrant carrément, espérant ainsi déjouer quelque personne mal intentionnée. Elle resta un bon moment. Rien ne se passa.
Le matin à nouveau, la place était vide. Vers vingt heures, elle reconnu le bruit du moteur mal réglé. Les lumières éteintes, l’auto s’immobilisa. Postée à sa fenêtre, cette fois-ci, Léonie crut apercevoir quelque chose. Elle vit une silhouette qui bougeait sur le siège arrière… Puis l’ombre disparut. La nuit était trop noire et l’auto trop loin, Léonie renonça à espionner davantage. Elle rabattit son rideau, déçue. Elle se coucha, réfléchit un moment et régla son réveil à cinq heures. Quand le réveil sonna Léonie bondit presque au pied de son grand lit. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas senti aussi alerte. Cette histoire l’intriguait et la curiosité la rajeunissait. Elle ne sentait même plus ses douleurs articulaires qui lui causaient bien du souci le matin. Elle bondit comme un cabri et alla se placer à son poste d’observation, chevauchant ses lunettes…
Alors, alors ?… Rien !
La voiture était là, le jour se levait blafard, il faisait un froid de canard et Léonie, ébouriffée, en chemise de nuit à sa fenêtre avait l’air d’une folle. Elle se ravisa. Elle enfila sa robe de chambre, se donna un coup de peigne puis prépara un bon café.
Une tasse fumante dans les mains, elle y retourna quand même.
C’est alors qu’elle la vit : une jeune femme en blouson rouge venait de sortir de l’auto. Les cheveux en bataille, les traits fatigués, elle pliait un sac de couchage qu’elle posa dans le coffre ouvert. Elle prit une bouteille d’eau en plastique, but une gorgée puis s’aspergea le visage. Elle fit une toilette sommaire. Elle se coiffa, se regardant dans un petit miroir. Léonie n’en perdait pas une miette. Sur la place, de l’autre côté de la rue, derrière une fenêtre au rideau de dentelle, on pouvait voir une vieille dame qui observait une autre femme qui dormait depuis sept nuits dans sa voiture. Une Opel grise qui n’avait presque plus de frein et l’embrayage capricieux. La femme était dehors, il faisait très froid en ce début d’automne et la vieille dame, un bol de café dans les mains la regarda partir. Il était cinq heure trente.
Léonie passa toute la journée, à tourner et retourner dans sa tête une foule de questions. Qui était cette femme ? Que faisait-elle là ? Pourquoi dormait-elle dans sa voiture ? Ce n’était pas une SDF, elle semblait soignée. Elle s’était coiffée et maquillée…
La vieille dame était toute excitée par ce mystère. Pour elle, la meilleure façon de se calmer, c’était de s’occuper. Elle cuisina un bon ragoût qui embauma toute la maison. Elle avait pris un bain, s’était faite jolie, ses cheveux étaient tout brillants. Elle avait revêtu la robe à pois qu’aimait tant Henri. On aurait dit qu’elle avait rendez-vous. Elle se surprit même à chantonner en épluchant les pommes de terres. En fait, elle se sentait soulagée que ce soit une jeune femme qui dormait dans l’auto et attendit le soir avec impatience.
Il faisait nuit noire quand enfin ses yeux fatigués virent briller les phares de la petite voiture. Son cœur se mit à battre très fort. Elle attendit un bon quart d’heure avant de regarder par la fenêtre. Elle ne voulait pas donner l’impression d’être une vieille pie méfiante. Quand elle se décida à jeter un œil, la jeune femme était debout et ouvrait son coffre pour en extraire le sac de couchage. Léonie prit son courage à deux mains, s’enroula dans son grand châle de laine et sortit. L’air était glacial, elle accéléra le pas et marcha droit vers l’inconnue. Celle-ci eut un mouvement de recul quand elle vit la petite mamie foncer sur elle. Elle ferma son coffre.
- Je vais partir, ne vous inquiétez pas Madame. Je pars tout de suite !
Elle montait dans sa voiture quand Léonie arriva à sa hauteur.
- Non, non attendez ! Vous allez où ?... Je sais que vous dormez dans cette voiture.
Elle lui montra la petite fenêtre en face.
- Je vous observe depuis quelques jours, j’habite en face.
La femme ne bougea pas. Tout son visage était creusé par la fatigue. Elle regardait par terre. Léonie pensa qu’elle avait honte. Elle lui parla doucement.
- Vous ne pouvez pas rester là. Il fait froid. Venez…
Son regard se brouilla. Elle se retourna pour attraper sa ceinture.
- Je veux pas de votre charité. Je me débrouille très bien. Laissez-moi. Je vais partir. Je vous embêterai plus.
Alors, Léonie se fâcha.
- Mais c’est un monde ça ! Vous ne m’embêtez pas : je vous dis de venir vous mettre au chaud. Mangez un morceau et après vous verrez. Je ne suis pas du genre à laisser quelqu’un mourir de froid sous mes fenêtres, allez zou !
Et faites pas de manière : je vous attends.
Léonie est repartie en trottinant. La jeune femme a attendu un moment puis elle a pris son sac et a suivi d’un pas lourd la vieille dame. Dans la maison, d’autorité Léonie lui a pris son blouson et la fit asseoir sans ménagement. Puis elle lui servit une grande assiette de ragoût. D’abord un peu rétive, elle mangea de bon appétit. Elle avait faim. Elle avait froid. Elle était si fatiguée qu’elle se laissa faire comme une enfant.
Plus tard, elle raconta son histoire.
Elle s’appelait Nadia, elle avait trente ans et trois enfants. Elle était sans travail. Elle avait quitté le père de ses enfants qui lui filait des coups quand il avait trop bu. Elle avait peut-être trouvé un boulot à la coopérative agricole du bled d’à côté. Bled c’était son mot. Ses parents étaient algériens. Elle avait peur de leur dire pour sa séparation et tout le reste. Elle avait trop honte. Elle ne pouvait pas se payer l’hôtel, trop cher. C’était pour ça qu’elle dormait dans la voiture. Ici personne ne la connaissait. Cela faisait des mois que rien n’allait. Le pire c’était que, quand elle a perdu son logement,on lui a prit les enfants.
Elle s’est arrêtée de parler d’un seul coup. Elle a baissé la tête puis s’est tassée sur elle-même. Toutes les tensions accumulées ces jours derniers, se sont transformées en un gros bouillon de sanglots. Elle a pleuré longtemps. Léonie s’est juste levée pour aller lui chercher une grosse boîte de mouchoirs en papier. Elle lui a tendu :
- Vas-y ma fille, pleure. Laisse aller ta peine, après ça ira mieux.
Puis elle a débouché une bonne bouteille de vin rouge. Le bruit du bouchon a fait rire la jeune femme au milieu de ses larmes. Elle a mouché son nez et Léonie lui a servi un grand verre.
- Tiens, un verre de vin d’ici. Il n’y a pas meilleur quand on a le cœur gros. Et comme ton nez est déjà tout rouge, on y verra que du feu !
Nadia eut un large sourire et Léonie la trouva très jolie : brune, le teint mate, un beau regard profond et doux. Elle était grande élancée, comment pouvait-on laisser dehors une belle femme comme ça ? Elles ont parlé encore un long moment, en buvant toute la bouteille. Il faisait bon et Léonie était bien. Plus tard, elle lui montra une chambre en haut qu’elle avait préparé. Nadia ne fit pas de manière, elle était épuisée et se coucha presque aussitôt sans plus d’effusion de sentiment. Cela plut à Léonie qui aimait bien l’idée d’être simplement une amie et pas une vieille dame charitable.
Quand elle grimpa dans son grand lit, Léonie était tout heureuse. Elle entendit la bise siffler dans les platanes et elle fut fière d’avoir écouté son instinct. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait de rencontre importante et tout son esprit était en éveil. Elle pensa que cette époque était bien cruelle pour séparer une mère de ses enfants et la laisser coucher dehors. Et puis elle songea à la guerre. Tous ces gens qui ont peur de tout, aujourd’hui. Ils ne se risqueraient pas à héberger des résistants. Quand il y a eu l’exode, ses parents avaient ouvert la maison aux réfugiés. Ils avaient vécu ici à trois ou quatre familles pendant des mois. La solidarité, ça existe bien encore ? Les gens crèvent dehors et la plupart des maisons sont vides. Toutes ces maisons de vacances, ouvertes deux mois par an… Les pensées de Léonie se bousculèrent dans sa tête toute la nuit. Elle ne trouva le sommeil qu’au petit matin. Quand la vieille dame se réveilla, il y avait du bruit dans la cuisine. Nadia était déjà prête à partir. Elle entendit sa voix au bas de l’escalier.
- Madame, il faut que je parte ! Ne vous dérangez pas. J’ai rangé la chambre, merci pour tout. Je me sauve. Encore merci !
Elle ouvrait la porte quand Léonie se précipita, affolée par ce départ si brusque. Elle lui barra le passage.
- Mais Nadia, attendez ! J’ai réfléchi toute la nuit, je crois pouvoir vous aider !
La jeune femme recula, sur la défensive. Léonie hurla presque.
- Vous pourriez loger ici ! J’ai des chambres vides, de l’espace, un jardin. Ce serait bien pour vos petits.
Nadia était méfiante. Pourquoi Léonie voulait-elle l’aider ? Qu’est-ce qu’elle cherchait ? Elle aurait presque préféré se battre. Elle connaissait mieux les codes de la violence. Léonie la désorientait complètement.
- Il faut que j’y aille. Je sais pas. Je vais réfléchir…
Elle ouvrit la porte. Le froid s’engouffra et glaça la maison. Léonie, en chemise de nuit semblait toute perdue. Nadia sentit son désarroi, se rapprocha, lui parla doucement.
- Je vais revenir. Ne vous inquiétez pas. Rentrez ! Vous allez prendre froid. Je reviendrais, Léonie, rentrez. .
Elle avait poussé la vieille dame pour sortir et la porte s'était refermée sur son parfum. Léonie entendit la voiture démarrer avec difficulté puis klaxonner deux fois en s’éloignant. Elle sentit son coeur partir avec la petite auto. Elle eut froid et se sentit vieille et inutile, d’un seul coup.
Durant toutes les semaines qui suivirent, Léonie n’eut aucun coup de téléphone, aucune lettre, aucune visite : rien.
Elle attendait tous les soirs. Elle attendait tous les matins. Elle courrait à sa fenêtre à chaque bruit de voiture et crut voir cent fois la vieille Opel, sur la place. Elle attendait avec une telle angoisse, une telle incertitude, qu’un soir toute fatiguée et mal fichue, elle tomba de son grand lit. Elle resta un long moment dans le froid à pleurer de douleur. Quand la voisine inquiète la trouva enfin, on l’emmena d’urgence à l’hôpital où tout le monde la sermonna. Le col du fémur fracturé, elle fut opérée puis envoyée en maison de convalescence durant de longues semaines. Léonie voulait rentrer chez elle. On l’attendait, disait-elle. Mais le personnel n’osait pas lui dire qu’elle ne pourrait peut-être plus revenir chez elle. A l’hôpital, Monsieur le Maire lui avait envoyé ses vœux de bons rétablissements, sans oublier une offre, pour l’achat de sa maison. Elle refusa obstinément toutes les propositions d'aide, avec son caractère de chèvre de Monsieur Seguin. Elle n’avait pas perdu son tempérament. Et elle s’entraîna tous les jours sur les appareils de la salle de sport, forçant le respect et l’admiration de tous. "On m’attend, il faut que je rentre" disait-elle en pédalant !
C’est avec une canne et sur ses deux jambes, qu’elle rouvrit sa maison au début du printemps. Elle reprit ses activités tout doucement. Elle ne pouvait plus descendre au jardin à son grand regret et la saison des semis passa sans qu’elle ne plantât la moindre graine. Ses voisines lui faisaient ses courses. Elle cuisinait, lisait près de la fenêtre et continuait à lever le petit rideau de dentelle pour regarder la place. Elle cultivait son secret et le nourrissait jusqu’à soir.
Quand un matin, le son d’un moteur mal réglé, lui fit lever le nez, son cœur a battu plus vite . Elle s’immobilisa et respira profondément. Elle essaya en vain de fixer son attention sur le livre ouvert sur ses genoux. Mais son cœur aimanté lui disait : regarde ! Elle ne s’était pas trompée. C’était bien une vieille Opel corsa qui s’était garée là. Trois petites silhouettes sortaient de l’auto, aidées par une jolie maman brune.
Léonie trottina vers la porte d’entrée, ouvrit et Nadia lui tomba dans les bras.